Le numéro spécial consacré par la revue éCRItique aux « salons » s’impose comme un ouvrage de référence. L’équipe de la rédaction a envoyé un questionnaire aux responsables de 10 grands salons parisiens. D’où une mine de renseignements pratiques : quels sont l’origine et la mission de tel salon, comment se déroule la sélection, à combien se montent les frais d’exposition..? Au passage certains paradoxes apparaissent, comme le Salon des artistes français exposant 40% d’artistes étrangers, car l’identité d’un salon se joue sur maints critères : abstraction/figuration, emploi de certaines techniques, acceptation des grands formats…etc.
éCRItique n’élude pas les difficultés : les salons ont-ils des problèmes de place ? De communication ? Font-ils de la publicité, qu’en est-il de leur catalogue ? Ont-ils des liens avec les galeries, le ministère de la culture, ont-ils des subventions ? Même si certains salons peuvent recevoir une aide conséquente, l’état se montre plutôt pingre dans l’ensemble. Voir ubuesque : ainsi « Figuration critique » reçoit royalement 500 € à condition d’adhérer à un organisme qui demande 100€ de cotisation…
Suit, pour chaque salon, le compte rendu de celui de l’an passé. Un connaisseur, un « oeil », se promène dans les allées et commente les œuvres saillantes, quelques illustrations noir et blanc complètent l‘état des lieux. Les artistes ayant exposé en 2007 sont donc susceptibles d’être cités, un index est à leur disposition. Au fil des pages, on fera quelques découvertes. Anne Cauquelin, philosophe et théoricienne du « décept » (l’art (dit contemporain) doit décevoir pour être efficace), expose dans un salon parisien une série de bandes « avec des graphes et des écritures » (p.45), apparemment en ayant laissé le « décept » à la porte. A moins que le « décept » vienne justement aussi…de l’absence de « décept » (?).
Pour finir, des statistiques (proportions d’hommes et de femmes, de peintures, de sculptures, d’autres techniques…des sujets abordés…). En conclusion, un entretien avec Rémy Aron, président de la Maison des artistes, qui a le mérite de la franchise et d’énoncer certaines vérités (sur les rivalités internes, le rôle trouble de l’Etat qui a intérêt à ce que les salons vivotent). R. Aron, très attaché au principe de la reconnaissance des artistes par leurs pairs et le public, plutôt que par des fonctionnaires, ouvre des perspectives pour que « Salon » rime à nouveau avec actualité et vitalité.
Christine Sourgins 2008
Pour tout renseignement consulter : revue écritique