Pour commencer l’année, cherchons de bonnes nouvelles. Certes, il y aura la réouverture de Notre-Dame mais en décembre, c’est loin. Le 31 décembre 2023, le château XVIIème de Serquigny (Eure) est parti en fumée dans la quasi indifférence mais certaines gloires tiennent bon. Jack Lang est toujours à la direction de l’IMA (Institut du Monde Arabe), au grand regret de son rival Le Drian, qui prend la tête de l’Afalula (l’agence française développant AL-Ula, un site archéologique de l’Arabie Saoudite ). Le canard (1) Catherine Pégard est, lui, toujours vivant à Versailles. Cette inamovibilité pourrait entacher les décisions juridiques de l’administration, cingle l’ex président Hollande : jaloux ?
Guerres et paix
Fin 2023 s’est conclu le feuilleton judiciaire Rybolovlev /Bouvier, soit un oligarque russe contre « le roi des ports francs » dont celui de Genève. Bouvier avait, entre autres, acheté le Salvador Mundi attribué à Vinci, pour 80 millions de dollars… revendu au russe 127 millions ; Rybolovlev l’ayant depuis refourgué 450 au prince héritier d’Arabie Saoudite. Depuis 8 ans, le russe accusait le genevois d’escroquerie, blanchiment d’argent etc. La justice monégasque flairant la fraude fiscale, le russe fut suspecté de trafic d’influence et autre prise illégale d’intérêts. Fin 2023, miracle : un accord (secret) permet le retrait des plaintes réciproques (2). Circulez, il n’y a plus rien à voir, moralité : les requins ne se mangent pas entre eux.
Cette « paix » exceptée, le monde culturel international est profondément fracturé par le conflit israélo-palestinien. Ventes aux enchères annulées, galeristes ou curateurs sommés de justifier leurs positions, artistes déprogrammés, et non des moindres comme le chinois Ai Weiwei qui perd trois expositions prévues à Londres, Paris et Berlin. Certains collectionneurs d’œuvres subversives découvrent que, de transgresseur à agresseur, la distance est parfois faible, l’empathie ou le « vivre ensemble » étant à géométrie variable. La Documenta qui, tous les cinq ans, donne le « la » de l’Art contemporain, s’est sabordée au milieu des polémiques.
S’y ajoute, chez nous, l’affaire Depardieu : tribunes, pétitions et retournements de vestes, on ne sait plus ce que pense X ou Y mais il est clair que ce petit monde voudrait, avant tout, rester dans le vent d’une bien-pensance en train de tourner. Le Président Macron a relancé un vieux débat : faut confondre un artiste à la moralité douteuse avec son œuvre, même réussie (3) ?
La France moche
L’an 2024 verra-t-il la disparition de « la France moche » grâce au plan gouvernemental ? Pas sûr. Cet urbanisme commercial enlaidit maintes entrées de villes, pose nombre de calamités dont l’artificialisation des sols ou la désertification du cœur historique des villes. Le plan de transformation gouvernemental veut remplacer les parkings par des espaces verts, créer une mixité d’usage (commerces, logements, services) ; il est doté de 24 millions d’euros pour financer des études préalables. Or l’annonce a ravi… les foncières immobilières qui y voient une subvention des acteurs privés, pour bonifier des zones commerciales qui ont déjà détourné habitants et consommateurs du cœur des villes et seront encore plus attractives. Orwellien ?
En ce début d’année bien gris, de la couleur avec la seule peinture connue …des Beatles ! En 1966, au Japon, s’ennuyant à l’hôtel, ils commirent une sorte de cadavre exquis, abstrait, bariolé, signé en un cercle central : il sera la vedette (4) des enchères du 1er février chez Christie’s New York.
Excellente année à vous…à suivre !
Christine Sourgins
- (1) Allusion au célèbre sketch de Robert Lamoureux que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre. Cliquer alors ici.
- (2) Les frais de procédure restant à charge d’Yves Bouvier : le genevois se dit ruiné mais projette de nouveaux ports francs à Dubaï ou Vladivostok.
- (3) Le cas se complique quand l’œuvre est collective…
- (4) Estimation entre 400 000 et 600 000 dollars.