Qui a représenté les arts plastiques en détresse auprès du Président Macron, le 6 mai, lors de la fameuse réunion de travail en bras de chemise ? Le lauréat du Prix Marcel Duchamp of course, Laurent Grasso, un installationniste qui vit entre Paris et New-York, re of course. L’artiste institutionnel typique, as de la commande publique et de la galerie internationale et financière Perrotin. C’est dire s’il n’est représentatif que du système contre lequel les artistes recommencent à pétitionner espérant que le « monde d’après » pourrait les libérer de la chape de plomb de « l’Etat Culturel ». Voir à ce sujet la pétition très explicite de Marie Sallantin, en cliquant ici. Et que déclare M. Grasso d’après le Journal des arts ?
« Nous pourrions être utilisés, dans le bon sens du terme, comme des partenaires de réflexion, des chercheurs. L’artiste ne produit pas du divertissement, mais une pensée sur le monde. Et dans cette crise, on a le souhait d’être mis à contribution pour participer à la réflexion sur « l’après ». Je pense aussi que les artistes sont dans une anticipation des questions qui deviennent aujourd’hui très urgentes ! »
Le discours habituel, alors que, (cf avant-dernier Grain de sel, cliquer), les artistes institutionnels évitent soigneusement la remise en cause de la mondialisation dont leurs gros collectionneurs vivent allégrement ! Le système, la petite partie privilégiée s’autoproclamant le Tout, va chercher à se sauver en faisant les poches du contribuable …comme d’hab ! Et va produire l’événementiel et le discours médiatique, l’écran de fumée nécessaire, faisant croire que tout change…pour que rien ne change.
Exemple de ce « monde d’après » en trompe l’œil, qui n’est que le monde d’avant en pire. L’idée de Tokenisation de la Joconde. La représentation de Mona Lisa « pourrait bientôt être distribuée en portions uniques à de multiples acheteurs grâce à la technologie blockchain », Mona Lisa serait partagée sous forme d’actifs numériques… ! (Cliquer pour voir l’article). Si c’est cela le monde d’après, il ressemble bigrement au monde d’avant : depuis les années 2000 on use des œuvres d’AC comme d’une planche à billet : ce n’est ici qu’une extension et banalisation des techniques de l’Art financier.
L’article voudrait nous faire croire que cette tokenisation rendrait la Joconde « encore plus inaliénable qu’elle ne l’est déjà » puisqu’elle resterait dans sa vitrine au Louvre, le musée en ayant toujours la possession physique. C’est le contraire : depuis 20 ans, j’affirme que si nous continuons à faire joujou avec l’inaliénabilité (et M. Macron ne s’en est pas privé !) un jour ou l’autre, un pays endetté comme le France devra vendre la Joconde et le reste. Car l’œuvre de Vinci, inestimable, n’est estimée que 50 milliards, pas cher, le tiers de la fortune de Jeff Bezos…
Ne ratez pas la satire (pas si caricaturale) du monde de l’Art trop contemporain : The Square le film de Ruben Ostlund, qui reçut la Palme d’or, sur Arte lundi 18 mai à 20h55.
Christine Sourgins