De la trahison dans l’air de la rentrée…

16 septembre 2024

André Breton changé en IA

Avant des années de fermeture, Beaubourg revisite l’histoire du Surréalisme, sans l’arrêter en 1945, au prétexte que les avant-gardes Nord-Américaines l’auraient périmé : l’institution reconnaît enfin que le mouvement vit encore jusque dans les années 70, au moins. Et ce, sans limiter la présence des femmes à Oppenheimer, Carrington, Tanning ou Toyen ; la stature internationale du mouvement est par ailleurs renforcée. Fort bien (sauf pour Artaud : Antonin a disparu des radars). Mais, gros problème : l’expo s’ouvre sur le manifeste du Surréalisme de 1924 et pour fêter son centenaire, des passages sont lus par… une intelligence artificielle qui imite André Breton ! Quand on sait la détestation de ce dernier pour la technologie conquérante, on mesure le coup de Jarnac asséné à ceux qui prêchaient l’originaire, l’inconscient et l’ensauvagement !

Le Tibet a disparu 

Le second coup tordu est géopolitique : au musée Guimet et au quai Branly, le Tibet a disparu, remplacé par « région autonome du Xizang » ou « monde himalayen ». Soit l’imposition de la terminologie chinoise, ce qui permet de ne pas se fâcher avec Pékin, de continuer les expositions, le bal des prêts, subventions, voyages d’études et les carrières. Saluons le musée d’Histoire de Nantes qui, refusant d’effacer le nom de Gengis Kahn (!), perdit l’apport chinois mais réalisa (via la Mongolie et les préteurs privés) une exposition de qualité en 2023.

Viollet-le-Duc va disparaître ?

La troisième trahison est un caprice présidentiel (avec complicité de l’évêque de Paris), parfaitement résumé par Alexandre Gady (cliquer) : même quand la France n’avait ni gouvernement ni premier ministre, l’urgence est d’installer des vitraux nouveaux à Notre-Dame, alors que les anciens ont survécu à l’incendie et qu’en juillet, un avis défavorable fut émis à l’unanimité par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Un ministre démissionnaire, le 4 septembre, a dévoilé les huit finalistes : sans surprise, majoritairement des artistes officiels (Alberola, Buren, Parreno, Pai-Ming, Safa, Tabouret, Traquandi, Vincent-Petit). C’est un détournement de l’argent des donateurs qui ont donné pour restaurer, pas autre chose. Lors du prochain désastre patrimonial, quand l’Etat (déficitaire) tendra sa sébile, les donateurs pourraient refuser : et s’ils demandaient déjà le remboursement de leur don ? L’association Sites et Monuments va contester en justice (cliquer), il faudra la soutenir.

L’inclusion exclue

La révolution inclusive des J.O est-t-elle déjà trahie (1)? Il y avait 2 cartes octroyant la gratuité des musées. L’une d’invalidité pour les personnes en chaise roulante ou atteintes de cécité, l’autre « carte de priorité handicap » pour celles à mobilité réduite. Au musée Jacquemart André comme à celui du Luxembourg (musée du Sénat en plus !) la seconde n’est plus acceptée : une amie jusqu’ici « en règle » s’est vue refuser l’entrée gratuite et surtout exclue du dispositif coupe file qui lui permettait de limiter la station debout !

Dysfonctionnement passager ou bien…les discours des J.O et du paralympisme n’étaient que poudre aux yeux ?

Christine Sourgins

  • Pour ceux qui voudraient revenir sur les « problèmes » posés par la cérémonie d’ouverture des J.O. : cliquer ici