Le clonage du Louvre à Abu Dhabi qui devait nous rapporter prestige et monceaux d’or. Que de couleuvres avalées pour cela : les conservateurs français mettant leur expertise au service du Louvre des sables, donc aux dépens du Louvre parisien ; puis, sur le chantier, le traitement réservé aux ouvriers qui montra que le pays des Droits de l’Homme était aux abonnés absents. Or, un an et demi après l’inauguration de ce Louvre bis par les époux Macron, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme (1). Non seulement les engagements initiaux n’ont pas été tenus mais ils ont été renégociés par le Louvre… en sa défaveur. De l’art de se tirer une balle dans le pied et d’être le dindon de la farce : question prestige, c’est mal parti. Il a fallu attendre onze ans pour que les 2 parties signent un accord définitif et là (surprise !) le taux minimum des royalties sur les produits dérivés de 8% devient un taux maximal ! Génial non ? Ainsi un taux zéro est possible. De plus, les sous-licences qui devaient être exceptionnelles s’avèrent de règle maintenant avec, déjà, une compagnie aérienne locale qui exploite gratis le nom et le logo du Louvre ! Le gouvernement devrait dénoncer ce contrat léonin devant les tribunaux mais n’y a-t-il pas derrière d’autres négociations, plus politiques, dont le Louvre ferait les frais ? Auquel cas se vérifie le peu de cas que font du patrimoine nos politiques….
Autre exemple le « Salvator Mundi » de Léonard de Vinci, le tableau le plus cher au monde, acheté par le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, avait disparu des radars. Un achat de prestige problématique pour une monarchie islamique plutôt rigoureuse, d’autant que planent des doutes sur l’authenticité de l’oeuvre. La solution ? Le Messie de Léonard serait parti en croisière sur le yacht du prince. Voilà qui risque, avec les embruns, l’humidité ou les naufrages, de ne pas arranger cette peinture déjà très restaurée. Les conditions seraient-elles réunies pour faire disparaître une œuvre problématique ? Placer des œuvres dans des conditions épouvantables, et une fois le malheur arrivé, crier : « c’est la faute à pas de chance !»… cela ne vous rappelle rien ?
Notre-Dame n’est pas tirée d’affaire : moins de 10 % des dons promis ont été versés. Les lubies architecturales nées de la légèreté gouvernementale ont tari l’enthousiasme des donateurs : donner oui, mais pas pour financer n’importe quoi. J’en connais prêts à trainer le gouvernement en justice (genre class action) si leur don est détourné et si la double identité de la cathédrale n’est pas respectée : gothique et romantique. La cathédrale est en effet aussi le dernier chef d’œuvre de l’architecture romantique française. A ce propos vous pouvez lire un article où Victor Hugo vient à la rescousse d’une reconstruction à l’identique qui privilégie le bois cliquer. Ou signer une pétition en ligne demandant la prise en compte de l’acoustique dans la restauration (celle de Reims est mauvaise or sa charpente fut reconstruite en béton) cliquer.
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Christine Sourgins
(1) « les royalties du Louvre se perdent dans les sables d’Abu Dhabi », Le Canard Enchaîné , 29 mai 2019, p.3