Des visites au musée, ou dans des hauts lieux de culture, prescrites aux patients souffrant de stress ou de maladies chroniques ? Une proposition issue du Grand débat sur la Culture qui s’est tenu la semaine passée aux Beaux-Arts de Paris puis au 104 (sous forme d’ateliers cette fois) ?
Pas du tout, hélas : les médecins prescripteurs d’art et de culture existent bel et bien mais au Canada (1). Et le Grand débat, se pourrait-il que la montagne accouchât d’une souris ? Il est utile de comparer le compte rendu officiel, repris de l’AFP, cliquer et celui d’une observatrice issue de la dissidence, A. de Kerros, cliquer . On y voit tout le parti tiré par la bureaucratie culturelle de la confusion des mots (et des maux), à commencer par le fameux « Art contemporain » : la partie des artistes qui s’estiment contemporains, parce que vivants, est loin d’imaginer que les institutionnels de la Culture ne les rangent pas dans cette catégorie ! « Diversité artistique » est pour la plupart des artistes, ou du public, l’accueil et le respect des nombreux courants plastiques, que ceux-ci divergent sur leurs supports et outils ou sur leurs références historiques. Mais la chose est détournée et réduite par le politiquement correct à l’accueil de « l’autre » qu’il soit femme ou jeune de banlieue etc. L’Art dit contemporain, l’AC, excelle à organiser, depuis longtemps, de ces dialogues de sourds…
On notera un fait plusieurs fois souligné par les organisateurs : l’autre, « les jeunes de banlieue » en particulier, ne sont guère venus, ces derniers goûtant visiblement peu les délices d’une culture subventionnée. Mais ceci ne provoque pas un réflexe logique et salubre : la remise en question de l’institution. Non, ses porte-paroles préfèrent culpabiliser ceux qui se sont déplacés, des vieux un peu trop palots. Bref, on a eu droit aux mêmes remarques amères que lors de l’enterrement de Johnny Hallyday … mais serait-ce cette fois l’enterrement de la Culture ? Simple coïncidence, la prestigieuse galerie Bernheim Jeune, qui avait commencé ses activités en 1863, vient de fermer dans l’indifférence générale. Celle-ci avait organisé en 1901 la première rétrospective Van Gogh, puis en 1907, une autre pour Cézanne qui venait de disparaître. Vuillard portraitura les frère Bernheim, Bonnard leur consacra une toile en 1920, aujourd’hui au Musée d’Orsay. C’était une autre époque, où aucun ministère de la Culture ne s’en mêlait, ce qui n’empêcha pas « l’Ecole de Paris » d’être florissante, ce qui est à méditer. On sait que cette « Ecole », loin d’être réservée aux seuls Parisiens, comportait énormément de (jeunes) étrangers qui y venaient spontanément de loin (ainsi Foujita, en 1913, pu quitter son Japon natal, débarquer à Paris et, dès le lendemain, rencontrer Picasso !).
Christine Sourgins
(1) La France se contente de prescriptions sportives…