S’il est un art qu’on associe spontanément aux églises, c’est bien le vitrail. Le centre international du vitrail de Chartres (1) vient de lui consacrer un beau livre « Lumières contemporaines, vitraux du XXIème siècle et architecture sacrée ». L’ouvrage commence par rappeler comment l’architecture chrétienne (contrairement aux temples antiques recherchant l’obscurité) a voulu rendre sensible l’expérience de la Révélation par la lumière, expression d’une présence divine. Certains ont vu dans le vitrail une métaphore christique (puisqu’il transmet la lumière tout en l’interprétant, s’interpose et s’efface à la fois), et sa réalisation a souvent été perçue comme une « consécration particulière » pour un artiste ; c’est aujourd’hui « un des vecteurs essentiels de l’insertion de la création actuelle dans les édifices anciens ». Or, un tiers des œuvres présentées posent de tels problèmes que P. L. Rinuy reconnaît dans son introduction une « discordance – souvent réelle de fait- entre l’esprit d’un édifice et ces œuvres contemporaines ». Même si ce collaborateur des Chroniques d’Art sacré s’empresse de qualifier ces dissonances de « réponse critique à la spécificité du lieu », il convient de s’interroger sur l’envers du vitrail contemporain qui conduit des chrétiens a accepter que leur Dieu soit représenté comme un androgyne avec une chaussure rouge… Peut-on tout inculturer quand émerge un sacré qui obvie au religieux ? A quelles extrémités peut aboutir l’engrenage fatal de la commande publique ? Ce bel ouvrage a le mérite de permettre de poser ces questions. lire la suite et/ou télécharger
Article paru dans la revue Képhas juillet -septembre 2006, p. 143 à 154.