Mardi 14 décembre 2010
Les tribulations de l’Art, du moderne au contemporain :
la peinture au XX ème siècle
En 2011, une série de conférences pour sortir des sentiers battus de l’Art officiel. Ce panorama récapitulatif d’un siècle et demi de peinture montera que nombre de protagonistes de l’Art moderne ont été occultés, dissimulant la richesse et les enjeux d’une période toujours féconde pour l’Art d’aujourd’hui et de demain. Les conférences seront illustrées de projections.
Mardi 7 décembre 2010
La Braderie du Patrimoine est ouverte
On devrait toujours se méfier des gens qui n’aiment pas la Princesse de Clèves. Fussent-ils présidents de la République. En marge du G20, pour faciliter sa diplomatie, Mr Sarkozy a annoncé la restitution à la Corée de 297 manuscrits des XVII et XVIIIème siècles (1). Emoi des milieux culturels mis devant le fait accompli, le fait du Prince. Car cette décision a été prise contre l’avis des experts (en ce domaine, les colonnes de Buren furent le précédent qui ouvrit la voie ). Officiellement il s’agit d’un prêt mais, selon un détournement duchampien, ce prêt vaut restitution de fait et les manuscrits ne reviendront jamais en France.
De Michel Laclotte à Pierre Rosenberg, les historiens s’insurgent contre ce viol du principe d’inaliénabilité : toute œuvre répertoriée ne doit pas sortir des collections publiques, ceci est bien plus qu’une coutume, c’est une éthique qui a construit le patrimoine français, a valeur d’identité culturelle et a été confirmé par la loi sur les musées en 2002.
Jusqu’ici la France n’avait restitué que les restes la célèbre Venus Hottentote en 2002 et quinze tête Maories en 2010. Le fait qu’il s’agisse de corps humains en fait évidemment des cas particuliers, mais la surenchère actuelle donne raison à ceux qui s’y opposaient : tout précédent crée un appel d’air. Dans ces 2 cas pourtant, le Parlement a du légiférer, sinon tout déclassement d’objet doit être validé par une commission. Ainsi celle-ci a autorisé en 2009 la restitution de fresques égyptiennes entrées illégalement en France.
Pour contourner la règle de l’inaliénabilité, l’Elysée a inventé le prêt à longue durée. En voilà du créatif, de l’inédit ! Le ministre de la Culture n’a pas été consulté : Frédéric Mitterrand essaya d’obtenir une rotation « plus rapide » des manuscrits, en vain. Bruno Racine président de la Bibliothèque Nationale espérait des prêts croisés, refusés.
Le grand argument sarkozien est éthique : ces manuscrits ont été « pillés par la marine française en 1866 ». Or, au-delà d’un siècle, vouloir procéder à ce type de restitution c’est avoir la prétention de refaire l’Histoire. Alors refaisons là : nombre de sculptures dont l’Egypte exige la restitutions, par exemple, auraient finies concassées par les indigènes qui manquaient de matériaux de construction ou de combustible. Les oeuvres dérobées par des Occidentaux ont au moins été sauvées. D’où l’idée qui jusqu’ici régissait les échanges internationaux : il y a un patrimoine universel de l’humanité et celui-ci doit échoir à ceux qui en prennent soin.
Mr Sarkozy bénéficia alors du renfort décisif de Jack Lang qui déploie dans une Tribune du Monde une argumentation décoiffante : ces manuscrits appartiennent à l’identité coréenne et non au patrimoine universel ! Comme si nous avions deux catégories étanches ! Don Quichotte, parce qu’il fleure bon l’Espagne, ne pourrait donc pas être universellement revendiqué ? C’est justement en étant enraciné qu’on peut atteindre l’universel. Il est vrai que depuis des décennies un lessivage de cerveau prétend le contraire…
On ne souligne pas assez que l’occident a dédommagé depuis longtemps les pays demandeurs de restitutions. Car en étudiant longuement ces oeuvres, en les présentant au public, les occidentaux ont construit la renommée, non seulement des pièces en litige, mais du pays et de l’art dont elles proviennent, ce qui assure aujourd’hui à ces mêmes pays une manne touristique. Que saurions nous de l’Egypte si Champollion n’avait percé le mystère des hiéroglyphes ? Les descendants de Champollion seraient fondés (s’ils avaient l’avidité des pays demandeurs) à exiger un pourcentage sur les revenus du tourisme égyptien ! Plus grave, la querelle des restitutions est d’abord dommageable aux objets d’art : certains pays s’acharnent à réclamer des œuvres en sécurité dans les musées occidentaux alors que l’urgence devrait être de faire cesser les pillages ou les fouilles clandestines, ou de découvrir des œuvres encore plus époustouflantes que celles connues jusqu’ici.
Voilà donc une nouvelle affaire de rétro commission, cette fois « rétro » signifie mise au pillage du passé pour palier au manque d’imagination des politiques qui se conduisent comme des bobos dilapidant l’héritage familial. Pour vendre des mirages, faudra-t-il maintenant se délester du « Bleu de Ciel » de Kandinsky, encore à Beaubourg . Pour un porte-avion promettre une marine de Vernet ? Pour faciliter la signature d’un gros contrat TGV, l’ancienne Gare d’Orsay pourrait laisser partir « La Gare St Lazare » de Monet en prime. Total doit-il obtenir une autorisation de forage ? Allons, un Rembrandt bien noir et un Soulages en bonus !
Autre perle du détournement de mot : les œuvres soustraites au principe d’inaliénabilité participeraient de la « respiration des collections nationales », comme c’est poétique ! Il faut vite prévenir Mme Royal qui se méprend sur son sort : régulièrement de gentils voleurs viennent faire « respirer » ses affaires ! Bientôt la victime devra dire merci de ces providentielles aérations ! Il y avait autrefois, une vieille lune, un truc ringard qui fait rire, parce que notre époque évoluée est au-dessus de ça : la « Haute Trahison »…
Et nous, si nous demandions aussi des restitutions ? Que la perfide Albion nous rende le corps de Jeanne d’Arc …en attendant le remboursement des emprunts russes…
(1)Voir l’article de Michel Guérrin dans Le Monde du 25 novembre, p.25.
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Mardi 30 novembre 2010
L‘Art financier n‘est pas né par génération spontanée mais il a systématisé, rationalisé, mondialisé, des pratiques dont l‘histoire a gardé trace.
Maurice Rheims, dans son livre « Les collectionneurs » paru chez Ramsay en 2002, signale quelques précurseurs de l‘affairisme artistique :« Vers 1910, Duveen jugeant que la production picturale moderne est excessive et que cela peut réduire les capitaux qu’il espère drainer, conseille à ses clients de ne plus acquérir de la peinture contemporaine. Il est l’un des auteurs de la chute de l’école de Barbizon si en vogue à cette époque. Pendant ce temps, il stocke les chefs-d’œuvre de la peinture anglaise, la fait connaître aux Etats-Unis et la porte à des cotes outrancières. Pour ne pas se trouver dans l’obligation de reprendre, en cas de crise, une partie de ces tableaux, il incite vivement ses plus gros clients à se montrer prodigues en dons aux musées. Ce qui rentre là n’a plus besoin d’être racheté. C’est à lui que l’on doit la mode de créer une collection dans le but de la léguer à un musée »
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Mardi 23 novembre 2010
Les Tontons Flingueurs de la Culture (suite du Grain de Sel du 26 octobre) osent tout !
Le nouveau statut de l’établissement public de Versailles a été publié dans le Journal Officiel le 13 novembre. Préparé par Jean-Jacques Aillagon, c’est une mise au pas des historiens de l’art : le conservateur en chef se voit retiré l’essentiel de ses prérogatives. Celui-ci était directeur général de l’établissement public : il perd son titre pour être subordonné à un administrateur général devenu numéro 2 , après un président doté de super pouvoirs . Le directeur général, rétrogradé directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, n’ a plus aucune possibilité de faire réunir ou de présider le conseil d’administration, donc il ne peut plus s’opposer à une politique qui ne respecterait pas l’éthique des musées.
Désormais, le président « arrête, dans le respect de la politique définie par le conseil d’administration et après avis du conseil scientifique, la programmation des activités culturelles et scientifiques et des publications de l’établissement ». Auparavant c‘était du ressort du directeur qui n’a plus droit que de « concourir à l’élaboration » de ce programme : il n’est plus même plus responsable « de la gestion, de la mise en valeur » des collections. Le super président y veillera bien sûr. Mais l’administrateur, qui lui peut présider le conseil d’administration en cas d’absence ou d’empêchement du président, est désormais le vrai numéro deux. L’administrateur n’est plus, même pour « les matières relevant de [la] compétence [du directeur] », placé sous l’autorité de ce dernier, comme c’était le cas auparavant.
Le conseil « scientifique » subit un détournement duchampien : la moitié de ses membres pourront n’avoir aucune compétence en histoire de l’art. On se demande sur quels critères seront recrutés ses membres : compétences en copinage ?
Demain, deux administrateurs, énarques ou non, pourront diriger Versailles comme ils le voudront, sans véritable contre-pouvoir scientifique commente Didier Rykner (plus d’info sur le site de la Tribune de l’Art
Jean Clair dans son livre « Malaise dans les musées » avait averti et analysé ces dérives. Quand la Culture tombe tout suit. Aujourd’hui les musées, demain les hôpitaux (c’est en cours) échapperont aux médecins pour être la chasse gardée des « gestionnaires »…etc
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Mardi 16 novembre 2010
Tout le monde en parle : un ex ministre (depuis hier) voit la Cour de justice de la République (CJR) ouvrir une enquête à son sujet, à propos d’un éventuel « conflit d’intérêts ». En réponse à notre avant-dernier « Grain de sel » , où nous nous étonnions de voir des fonctionnaires culturels collaborer à des entreprises privées, un internaute nous a envoyé l’article de la loi qui réprime ce genre de pratiques, article toujours en vigueur mais peu appliqué semble-t-il . Notre correspondant pensait à Mr Aillagon qui , certes a quitté ses fonctions auprès de Mr Pinault pour rentrer à Versailles, mais… les délais prescrits par le législateur ont-ils été respectés ? A lire attentivement !
Rubrique « Déontologie »
Article 432-13 Modifié par Loi n°2007-148 du 2 février 2007 – art. 17 JORF 6 février 2007 en vigueur le 27 avril 2007
Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 Euros d’amende le fait, par une personne ayant été chargée, en tant que fonctionnaire ou agent d’une administration publique, dans le cadre des fonctions qu’elle a effectivement exercées, soit d’assurer la surveillance ou le contrôle d’une entreprise privée, soit de conclure des contrats de toute nature avec une entreprise privée ou de formuler un avis sur de tels contrats, soit de proposer directement à l’autorité compétente des décisions relatives à des opérations réalisées par une entreprise privée ou de formuler un avis sur de telles décisions, de prendre ou de recevoir une participation par travail, conseil ou capitaux dans l’une de ces entreprises avant l’expiration d’un délai de trois ans suivant la cessation de ces fonctions.
Est punie des mêmes peines toute participation par travail, conseil ou capitaux dans une entreprise privée qui possède au moins 30 % de capital commun ou a conclu un contrat comportant une exclusivité de droit ou de fait avec l’une des entreprises mentionnées au premier alinéa.
Pour l’application des deux premiers alinéas, est assimilée à une entreprise privée toute entreprise publique exerçant son activité dans un secteur concurrentiel et conformément aux règles du droit privé.
Ces dispositions sont applicables aux agents des établissements publics, des entreprises publiques, des sociétés d’économie mixte dans lesquelles l’Etat ou les collectivités publiques détiennent directement ou indirectement plus de 50 % du capital et des exploitants publics prévus par la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l’organisation du service public de la poste et à France Télécom.
L’infraction n’est pas constituée par la seule participation au capital de sociétés cotées en bourse ou lorsque les capitaux sont reçus par dévolution successorale.
NOTA:
Plus de renseignements sur le site officiel de Legifrance
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Mardi 9 novembre 2010
Gérôme après un siècle de relégation dans les réserves des musées a droit enfin à une grande rétrospective au musée d’Orsay.
Il lui fut reproché d’être un peintre pompier et d’avoir ferraillé ferme contre les Impressionnistes (qui lui rendaient bien). Or l’exposition met en valeur « la modernité paradoxale » sic du maître. Que s’est-il passé ? On s’aperçoit tout simplement que Gérôme a commencé d’inventer le cinéma avant les frères Lumière ! Il a le don du cadrage qui saisit, du coup de poing visuel : c’est déjà Hollywood. De Gérôme au péplum il y a plus qu‘une présomption, des preuves : non seulement il fut collectionné aux Etats-unis (voire la provenance des œuvres exposées) mais il eut nombre d’élèves américains.
Son tableau fameux où les fauves arrivent dans l’arène pour manger les chrétiens a inspiré des cinéastes mais contient déjà l’idée de mouvement panoramique(voire l’allumage progressif des croix en arrière fond). Il sait aussi choisir et incarner dans des formes plastiques le moment fatidique qui condense une épopée, c’est pourquoi, une fois passée l’accroche visuelle (ici l’ampleur de la scène, le souffle de la reconstitution ) on peut méditer sur un Gérôme : le lion qui fièrement toise le petit troupeau d’hommes à dévorer dit les instincts carnassiers régissant toute société du spectacle. Avec rouerie, Gérôme place le spectateur dans l’arène, à lui de s’interroger : est-il du côté des bêtes ou des victimes ? Autrement dit, pas moyen d’être spectateur dans une société du spectacle… Certes, avec le tableau suivant, Gérôme tombe dans le genre « gore » bien sanguinolent, trop. Mais cet homme là a du culot, une audace (qui peut parfois rater et lorgner vers le kitsch) et des trouvailles géniales comme cette crucifixion…dont il ne montre que l’ombre portée des croix : fabuleux hors champ.
On s’aperçoit que l’homme était complexe, capable de peindre une enseigne facétieuse pour « O p’tit chien », presque surréaliste. On daigne enfin rappeler que, sortant d’une exposition de Manet, il reconnu : « ce n’est pas aussi mauvais que je le croyais », ce qui dans sa bouche n’était pas rien. Pas si obtus que ça, il semblerait même qu’il ait regardé Manet pour peindre son exécution du Maréchal Ney…
Enfin Gérôme oppose un cinglant démenti à ceux qui abondent dans cette thèse simpliste et fallacieuse : à partir de l’invention de la photo, c’en est fini, ou presque, de la peinture. Les peintres à qui la technique a ravi le « marché de l’imitation » sont condamnés à faire les mariolles au pinceau, histoire d’attirer l’attention des collectionneurs. Gérôme résistait très bien à la concurrence de la photo, loin d’y être asservi, il s’en servit : Gérôme, gendre de Goupil, spécialisé dans les reproductions d’œuvres d’art ( gravures, estampes, photographies et photogravures…) bénéficia d’une large diffusion, par la carte postale en particulier. Mais rien à voir avec les produits dérivés de l’Art financier, n’en déplaise à Ph. Dagen du Monde qui l’accepte comme précurseur de l’affairisme artistique (d’où la » modernité paradoxale »): certes, on reprocha à Gérôme de peindre pour la reproduction photographique, car, en noir et blanc, ses peintures paraissent des photos du passé, mais c’est bien grâce, au point de départ, à un savoir-faire pictural avec une œuvre unique, faite à la main : une PEINTURE !
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Mardi 2 novembre 2010
L’art de la titrisation culturelle
Jean Clair l’a évoqué dans le Monde, puis Aude de Kerros dans les Echos : la « titrisation culturelle » va bon train. La titrisation consiste initialement à noyer des produits financiers toxiques au milieu de produits sûrs : c’est une des pratiques du mercantilisme mondial qui a engendré la Crise de 2008. Elle se pratique aussi dans l’Art Financier, à tous les niveaux : Versailles, valeur sûre, se voit farci en Koons et Murakami ; les collections nationales, comme l’or de la Banque de France, sont la garantie des œuvres contemporaines (proposées à la vente par ailleurs) : Koons ou Murakami vaudraient autant que le joyaux de l’histoire séculaire d‘un peuple, ils créeraient le patrimoine du futur…
Mais la titrisation se joue aussi à l’échelon d’une galerie, comme le révélait la visite de la Fiac ou de ses émules. Une galerie expose un beau Soulages des années 50, par exemple, soit il n’est pas à vendre, soit il vaut très très cher (il faut le conserver pour rééditer ce genre d’opération). Mais à côté ou pas très loin, on expose un second couteau de l’Abstraction lyrique, une œuvre moyenne, même époque, même mouvance, mais avec un prix beaucoup plus abordable. L’astuce consiste à mettre en appétit l’acheteur avec une pièce maîtresse pour qu’il se rabatte sur ce qu’on veut lui fourguer…
Beaubourg expose régulièrement Jean Prouvé : normal, cet architecte, ingénieur et designer présida le jury du concours international qui choisit…. l’architecture du Centre Pompidou. La Monnaie de Paris vient de lui rendre hommage et Prouvé a également une exposition à l’Hôtel de Ville de Boulogne, ajoutons à ce tir groupé, la Maison Ferembal remontée aux Tuileries, le temps de la Fiac. Or l’événement de la rentrée, l’arrivée du roi new-yorkais du marché de l’art international, Larry Gagosian, débute comme par hasard… avec une expo Prouvé (en association avec la galerie Seguin) au 4, rue de Ponthieu. Là, dans le nouveau White Cube du maître du Financial Art, on ne s’étonnera pas de trouver le plus ennuyeux, le plus standard, de l’industrieux et industriel Prouvé. Les plus belles pièces sont en musée…avis aux cobayes de la titrisation culturelle !
On s’étonnera en revanche de voir le catalogue de l’autre exposition d’ouverture de Gagosian, celle de Twombly, rédigé par Mme Marie-Laure Bernadac, par ailleurs conservateur chargée de l’Art contemporain au Louvre. Il y a 25 ans, on chapitrait les élèves de l’Ecole du Louvre : il est strictement défendu à un conservateur, agent de l‘Etat, d’avoir une activité liée au privé, au commercial. Ceci afin d’éviter les conflits d’intérêt…Au fait cette loi (fort sage) a-t-elle été abrogée ? Un poste confortable dans le giron de l’Etat, qui permet d’abriter des activités lucratives : la titrisation de la culture a pignon sur rue (de Ponthieu).
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Mardi 26 octobre 2010
Les Tontons flingueurs de la culture.
En 1963, dans le film de Georges Lautner « les Tontons flingueurs »,
Lino Ventura prononçait cette immortelle réplique :
« Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît »
Pour voir l’extrait du film cliquez.
En 2010 , l’exposition Murakami à Versailles, démontre la pertinence de cet aphorisme. En effet, Mr Aillagon pousse maintenant l’audace, révèle le communiqué de presse de « Coordination Défense de Versailles », à vouloir mettre au pas la Société des Amis de Versailles coupable de ne pas goûter les koonseries et autre Murakameries. L’astuce consiste à donner tous les pouvoirs au Conseil d’administration…
« Depuis deux ans le Conseil d’Administration de la Société des Amis de Versailles n’a cessé de s’opposer à l’exercice équilibré de la démocratie associative, en empêchant notamment la liste Avenir des Amis de Versailles (AAV) de communiquer aux 6000 membres de la Société les informations nécessaires pour éclairer leur vote sur l’avenir de l’association et en ne les informant pas des résultats des élections. Le recours systématique aux mandats des absents ( 80 % par rapport aux présents ) a permis au CA d’annuler la souveraineté de l’Assemblée générale des présents. » Le pire est à venir : pour lire l’intégralité du communiqué cliquez
Oser utiliser l’art contemporain contre la démocratie ? Décidément, les Aillagon ça ose tout ; c’est même à ça qu’on reconnaît les tontons flingueurs…
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Mardi 19 Octobre 2010
Un événement éditorial :
« La Jeune peinture française 1910-1940, une époque, un art de vivre » par Michel Charzat aux éditions Hazan.
Depuis 50 ans aucun ouvrage n’était paru sur ce sujet occulté. Les grands musées, dont Beaubourg, ne montrent qu’une certaine avant-garde, remisant dans les réserves Dufresne, Dunoyer de Segonsac, Boussingault, Luc-Albert Moreau etc. Alors que les pays étrangers ont réévalués depuis longtemps les courants de la figuration moderne, en France tout reste à faire.
Après la guerre de 14-18, dans le sillage de Derain, éclot une « jeune peinture » qui se méfie des théories et retourne au réel, à l’homme, à l’histoire ; certains, comme Gromaire, Alix, Goerg ou Fautrier, avec des accents expressionnistes. Ces artistes tentent une synthèse entre réalisme et modernisme, reprenant certaines leçons des avant-gardes mais s’enracinant dans une tradition. Entre le radicalisme plastique des avant-gardes et les activités conceptualo-duchampiennes, ces artistes représentèrent une 3ème voie, fort prisée jusque dans les années 50.
L’ouvrage est richement illustré pour permettre une redécouverte nécessaire.
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Mardi 12 octobre 2010
Cocteau à Milly-la-Forêt ou l’âme du poète.
« Le difficile n’est pas de durer, c’est de disparaître et de réapparaître un jour, comme lavé par ce bain d’ombre de la disparition ».Le 24 juin dernier la maison mythique de Cocteau à Milly la Forêt a rouvert ses portes. Le poète y est-il réapparu conformément à la « phénixologie » dont il avait le secret ?
La demeure du Bailli, avec sa façade à tourelles de style Louis XIII, fut acquise en 1947 après le succès du film la Belle et la Bête ; Cocteau y mourut en 1963 et repose tout près, dans la chapelle St Blaise qu’il avait décorée. En 1995, son fils adoptif Edouard Dermit l’y rejoignit après avoir sauvegardé la maison et réservé une collection de 500 œuvres. Grâce à la générosité de Pierre Bergé, président des Amis de J. Cocteau, et à différents intervenants (Conseil régional, Conseil général de l‘Essonne…), grâce au travail de Stéphane Chomant et Dominique Païni, la maison revit.
Cinq ans de restauration furent nécessaires pour mettre aux normes, adapter ce lieu de vie privée à l’accueil du public : passé le porche d’entrée, les créneaux et le miroitement des douves du château voisin créent l’enchantement… même si ceux qui connurent Cocteau signalent qu’une haie tempérait autrefois la présence du château… Les photos anciennes montrent la maison plus verdoyante avec du lierre sur les murs qu’il a bien fallu enlever pour ravaler. La restauration a, comme souvent, minéralisé les lieux mais gageons qu’une certaine patine va venir au rendez-vous. Les jardins ont été replantés et s’ouvrent plus largement qu’à l’époque du poète sur les bois. Ils intégraient volontiers des éléments de décor de films : les sphinges sont à leur poste, la statue du Turc pas tout à fait, mais le charme agit déjà.
La visite de la maison, en revanche, laisse une impression mitigée…
Pour lire la suite de cet article, il faut se reporter au N°131 de la revue Commentaire, qui vient de paraître, p. 791 à 793. ……………………………………………………………………………………………………….
Mardi 5 octobre 2010
Vendredi 1er octobre, sur Radio-Notre Dame, j’ai participé à :
« La Voix est Libre » émission présentée de 9h à 10 h par Faustine Fayette.
Décryptage de la Nuit Blanche –
L’art contemporain a-t-il sa place dans les Eglises?
Avec Christophe Girard, chargé de la culture auprès du maire de Paris et le Père Nicholson, curé de Saint Eustache
Sur la page d’accueil de Radio-Notre-Dame, la réécoute ne pouvait s’obtenir (on tombait sur le direct en cours)???????????????? (J’espère qu’il ne s’agit que de problèmes techniques et pas de censure déguisée)
La rédiffusion se déniche dans la rubrique » émissions »: cliquez
allez dans « la voix est libre vend 9h05 »: l’émission est alors rediffusée après quelques minutes d’infos et de pub.
Les échanges ont été francs, j’ai pu énoncer quelques vérités qui ont énervé Mr Girard…
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Mardi 28 septembre 2010
A signaler : la parution de deux articles qui étudient les relations de l’Art contemporain avec l’Église. Le premier, paru dans la revue Liberté Politique, analyse un exemple précis, la dernière exposition du Collège des Bernardins : « La pesanteur et la grâce », (Ch. Sourgins : « Une exposition aux Bernardins », Liberté Politique N°50, septembre 2010, p.85 à 93.) Dans le même numéro, vous trouverez des textes d’Aude de Kerros, Catherine Tschirhart, Michel de Caso sur « l’art sacré contemporain ». Liberté politiqueLe second article, publié par Képhas, aborde le sujet sous un angle plus général et dresse un petit bilan, ( Ch. Sourgins « A qui profite l’Art contemporain dans les Églises ? », Képhas N°34, avril-juin 2010, p. 145 à 153). La même livraison relate aussi l’histoire de la création contemporaine d’un chemin de croix en milieu rural par François Peltier.
Képhas
Les liens renvoient au site des revues pour vous les procurer.
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Mardi 21 septembre 2010
Deux bonnes nouvelles.
D’abord l’ouverture du musée consacré au sculpteur Paul Belmondo (1898-1982) à Boulogne Billancourt, 14 rue de l’abreuvoir, dans un ancien château du parc Rothschild. Il eut pour maître Despiau et fut un des derniers représentants de la sculpture classique en France, avec de nombreuses commandes de l’Etat (il réalisa ainsi la réplique de La Danse de Carpeaux pour la façade de l’Opéra de Paris). Sa famille, dont son fils, le célèbre Jean-Paul, a donné un bel ensemble de 259 sculptures, 444 médailles, 900 dessins, carnets de croquis etc. La muséographie unit la clarté d’une présentation moderne avec la reconstitution de son atelier parisien. La sculpture des années 30 n’intéresse guère Beaubourg, pourtant musée national. C’est la ville de Boulogne qui eut le courage de combler ce « trou de mémoire » par l’ouverture d’un Musée des années 30… où s’illustra Emmanuel Bréon, aujourd’hui conservateur du musée Belmondo.
Avoir du métier, un goût pour des lignes épurées, sereines, inspirées par l’Antiquité ou la Renaissance…suffit à vous faire mal voir, au sens fort du terme. Paul Belmondo traîne aussi l’affaire du « voyage en Allemagne » avec Vlaminck, Van Dongen, Dunoyer de Segonzac, Bouchard, Landowski et beaucoup d’autres. De hauts responsables allemands avaient assuré que ce voyage permettrait de faire libérer des prisonniers en Allemagne. Mensonge qui fit ensuite passer tous les participants pour des collaborateurs… Ce musée a vu le jour grâce à l’obstination de l’acteur qui mit sa notoriété au service de son père. N’ont pas cette chance les autres sculpteurs de cette époque qui mériteraient d’être remis en valeur : leurs œuvres partent alors à l’étranger…vers ceux qui savent les reconnaître…
Autre bonne nouvelle
L’exposition « Our Body, à corps ouvert » composée de cadavres humains disséqués et « plastinés », avançait un intérêt artistique (les cadavres sont mis en scène : à vélo, jouant aux échecs…) et une fonction pédagogique. Il y eut soupçon de trafic de corps (condamnés à mort chinois) puis bataille juridique. Le grand argument : partout ailleurs elle a été accueillie, au point d’attirer 30 millions de visiteurs dans le monde. La justice vient de trancher : la France est le premier pays à interdire juridiquement ce type d’exposition à des fins commerciales.
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Mardi 14 septembre 2010
L’art est nu et l’argent roi
Voilà Versailles a nouveau transformé en « machine à coter », à la merci de l‘Art Financier. Après le kitsch de Koons, celui de Murakami, comparez le Rabbit argenté du premier et le Bouddha ovale du second : dans ces jouets pour milliardaires, qui a singé l’autre ? Il s’agit d’ une OPA inamicale au détriment du Château à qui on accole maintenant l’ étiquette « kitsch », ce qu’on ne lisait jamais auparavant. Les artistes qui pratiquent un art non spéculatif sont évincés. Le public est manipulé par cette disneylandisation qui prétend démocratiser Versailles en y introduisant la culture populaire ; en réalité, l’Art Financier exhibe les signes esthétisés de l’aliénation de la culture de masse. Une poignée de spéculateurs, eux, voient la valeur de leurs collections rehaussées du prestige d’un monument historique insigne, ils sont les vrais bénéficiaires de « l’événement ».
L’Art Financier se moque de produire des œuvres qui aient des qualités esthétiques, son seul critère est la valeur financière. Celle-ci est construite par une mise en réseaux où collectionneurs, galeries, salles des ventes, musées, médias s’allient pour ressasser un nom, une oeuvre et faire monter les prix : le savoir faire a été remplacé par un faire savoir. Mr Pinault possède la grande salle des ventes Christie’s, le journal Le Monde était aussi dans son giron…etc, son amitié avec Mr Aillagon qui règne sur Versailles, dessine les contours de cette union sacrée financiers/fonctionnaires caractéristique de l‘Art officiel français.
Il faut sortir de la rhétorique d’Aillagon et consorts qui accusent les défenseurs du patrimoine : « Vous êtes intolérants, vous ne vous ouvrez pas à l’autre, à la modernité etc » . C’est le contraire. L’Art dit contemporain est partout, dans la rue, dans les entreprises, dans les grands magasins, à l’école, pas que dans les musées… Il a le monde contemporain pour lui, pourquoi veut-il investir encore le patrimoine ? Parce qu’il est totalitaire et qu’il refuse l’altérité, celle du passé ou celle des contemporains qui ont d’autres valeurs que le « chic choc cher ». L‘Art financier est intolérant et prédateur. Il y a une diversité culturelle qui est parallèle à la diversité naturelle. L’architecture du XVII, XVIII ou XIXéme, c’est comme le panda : une espèce en voie de disparition, à protéger d’urgence. On ne peut faire cohabiter un panda et une hyène même déguisée en schtroumpf. Pas plus qu‘ on ne greffe une nageoire à la place d’un pied, sans créer un monstre. . . Il y a une écologie culturelle. Je veux bien que le patrimoine soit « un processus et pas un corpus », mais c’est un processus cohérent. Peu importe que Koons se distingue par une touche porno-trash, et que le japonais revendique la puérilité : le Financial art relève d’un système incohérent et même antithétique de la culture classique.
A partir de 1917, une véritable révolution artistique voit le jour : Duchamp transforme un urinoir en œuvre d‘art. C’est le coup d’envoi d’un art conceptuel où ce n’est plus l’objet créé qui compte mais l’intention, le « discours ». Duchamp cesse de créer pour décréter l’art. En fait, il change la définition de l’art. Désormais, une œuvre est d’art, non parce qu’elle est belle ou qu’elle a du sens intrinsèquement, mais parce qu’un artiste affirme que c’est de l’art et parce qu’une institution ou un pouvoir le confirme. Cette particularité fera l’aubaine des réseaux d’Art Financier. En quelques décennies, serrer la main des passants dans la rue, mettre des excréments en boîte ou vendre sa vie en viager comme Boltanski, tout est devenu de l’art, si « on » vous le dit . La révolution duchampienne consiste à étendre indéfiniment la définition de l’art, or à force de souffler dans un ballon, il explose : nous en sommes là. Mais le grand public l’ignore, trompé par l’usage du mot « art » qui a maintenant une autre définition que celle de Le Brun, Boucher ou Delacroix.
L’AC excelle à piéger. Par exemple : aller voir Koons ou Murakami pour « se faire une idée », c’est affoler le compteur des visites de Versailles, donc être enrôlé de force dans les statistiques de Mr Aillagon, être compté dans les supporters de l‘Art Financier…alors que beaucoup de visiteurs sont ressortis furieux du Château ! La ficelle est grosse, tout comme la lettre interdisant aux conférenciers la moindre critique contre Koons : une censure qui a ému le Canard Enchaîné. A la longue, les gens s’ aperçoivent que l’art est nu et l’argent roi. D’autant qu’une critique cultivée et dissidente de l’Art dit contemporain a vu le jour .
Mais comme à chaque fois qu’il y a de grosses sommes d’argent en jeu, l’opacité est de règle. Mr Aillagon avait supprimé le livre d’Or, sous prétexte que c’est « ringard » : il a cassé un thermomètre qui indiquait une certaine fièvre ! Il se murmure aussi que certains Tour Opérator étrangers sont fâchés : un chinois, un australien, va -t-il traverser la planète pour voir cet art international qu’on voit partout ailleurs ? Des mécènes aussi sont chagrinés, eux qui font un travail sérieux de restauration peuvent sentir qu’on leur confisque les retombées médiatiques. Restaurer les plomberies est moins fun que la bonbonnière de Murakami…moins croustillant pour la presse (le scandale fait partie de la construction de la valeur dans l’Art Financier, habile à récupérer l’indignation et à la transformer en notoriété).
Xavier Greffe, économiste spécialisé dans l‘art, répugne à parler de marché pour l‘Art Financier car ce « système » ne répond pas à la définition classique des marchés (à la différence de l’Art moderne ou ancien) qui suivent des lois. Ce sont, en art comme ailleurs, les excès du système qui vont provoquer son effondrement. Dans leur complaisance avec la finance et les médias qui font l‘AC, les politiques ne sont pas toujours très clairvoyants. Pompidou a laissé Beaubourg ; Mitterrand, l’Arche de la Défense ; Chirac, le musée du Quai Branly. Le locataire actuel de l’Élysée a-t-il vraiment réalisé qu’il sera étiqueté comme ayant promu un style d‘AC : le « Blink-blink » ?
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Mardi 7 septembre 2010
A quoi sert l’Art contemporain à Versailles ? A accoutumer le public, exposition après exposition (ne vous inquiétez pas, braves gens c‘est provisoire !) à la destruction mercantile du patrimoine. Le bétonnage des arènes de Fréjus vient d’en offrir la confirmation. La Tribune de l’art, site animé par Didier Rykner, vient de mettre en ligne le dossier, photos à l’appui. A lire d’urgence, la grande presse étant plutôt timide sur le sujet jusqu‘ici…
–Lire l’article de la Tribune de l’Art
Officiellement on nous explique que c’est une valorisation du bâtiment antique, que la chape de béton qui va le recouvrir est « une enveloppe protectrice qui planera au-dessus des ruines mais ne les cachera en rien. » Fréjus a inventé le béton transparent ! Ailleurs on nous affirme sans rire que ce n’est pas définitif : le béton transparent est donc réversible, Fréjus n‘est pas si loin de Marseille mais ceci n’est pas une galéjade. « Le budget qui finance cette opération est prélevé sur le budget affecté à la restauration des monuments historiques. L’argent dont on manque pour entretenir le patrimoine est donc utilisé pour le détruire. Le tout sous le signe de la « relance » ». Outre le fait que l’architecte des monuments historiques, censé les protéger, semble converti à une gestion du Patrimoine très Blink-Blink, notons une autre menace. Depuis le 23 juillet 2009, l’avis des architectes des Bâtiments de France (ABF) sur les permis de construire et autorisation de travaux à l’intérieur des zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysagé (Zppaup) n’est plus que consultatif . Certains ABF, étaient certes perçus comme des barons locaux, certains les trouvaient trop stricts sur l’accès au solaire… C’est pourquoi cette mesure a été adoptée …dans le cadre de la loi Grenelle de l’environnement !
Sous couvert d’écologie on peut donc livrer le patrimoine à l’appétit des promoteurs.
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Mardi 20 juillet
Ouvrir un petit musée et donner droit de citée à la peinture (figurative de surcroît) n‘a rien de banal aujourd‘hui. Il faut être une revue libanaise (Cedrus Libani) pour s’y intéresser et accepter de publier un article sur « Maurice Joron, peintre exemplaire ». Il reste à souhaiter que les services pédagogiques emmènent les enfants à Bry à la découverte d’une tradition picturale, refoulée par la culture de masse et …l’AC.
Le musée Adrien Mentienne de Bry sur Marne vient d’inaugurer l’exposition permanente des œuvres du peintre Maurice Joron (1883 – 1937). Cet événement doit beaucoup à la ténacité de sa fille, Marie-Louise Joron, donatrice de la collection et des lieux d’exposition, et du maire de Bry Mr Spilbauer ; le projet fut lancé dès 1993, grâce à une exposition organisée par Anne Wilkinson (1938-2000). Le délai entre les prémisses du musée et sa réalisation est peut-être lié à une ironie de l’histoire. Joron, portraitiste, eut à subir la concurrence du portrait photo. Or à Bry, l’autre grand homme du pays est…Daguerre, un des inventeurs de la photographie. Le chœur de l’église de Bry conserve un diorama (panorama qui change d’aspect en fonction de l’éclairage) œuvre de la main du photographe qui fut d’abord peintre. Cette pièce unique au monde nécessitait un longue restauration mais il eut été dommage de privilégier Daguerre au dépens d’une figure de peintre exemplaire : Maurice Joron, qu’on pourrait qualifier de moderne classique…la suite dans Cedrus Libani N°80, Juillet-sept 2010, p.119 à 122.
A noter : La salle Joron ne peut exposer à la fois la totalité de la donation, la présentation sera donc renouvelée régulièrement. Collection Joron : 6 bis Grande rue Charles de Gaulle 94360 Bry-sur-Marne. Ouvert mardi, mercredi, vendredi et samedi matin. Contact : musee@bry94.fr.
Le grain de sel part en vacances…jusqu’à la rentrée !
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Mardi 13 juillet 2010
« Tour Sans Faim »et haut-le-cœur
A la Cité de l’architecture à Paris, tout au bout de la galerie des moulages, dans la salle Viollet-le-Duc, du 1er au 4 juillet devait trôner un gâteau de 10 mètres de haut sur 1,5 m de diamètre. Une idée de l’architecte Jean Bocabeille et du cuisiner Gilles Stassart, chef du restaurant perché sur le toit du Palais de Tokyo. Cette construction gastronomique, baptisée « Tour Sans Faim », se voulait un hommage déjà discutable au projet abandonné de Jean Nouvel « La Tour sans fin » : « sans faim » car avec ses 800 pâtisseries, 600 kilos de farine, 272 œufs et autres ingrédients étaient incomestibles selon les normes européennes… SDF et quart monde s’abstenir. Bobos bien venus par contre.
Le projet a mobilisé pâtissiers, architectes, ingénieurs, spécialistes de la perspective et graphistes, dans le cadre de «Imaginez maintenant», manifestation organisée dans neuf villes de France par le Conseil pour la création artistique présidé par Marin Karmitz. Il s’agit d’offrir un espace d’expression à de jeunes artistes de moins de trente ans dans des lieux de patrimoine.
Cette pâtisserie devenue une architecture a suscité la colère d’un ensemble d’architectes, qui ont mis en ligne une pétition, et qui se souviennent qu’il y a en France un léger problème de logement, sans compter les soucis climatiques et énergétiques. L’été est la période où les SDF et les ventres creux meurent le plus…
Le Tour de force a virer au fiasco. Le 2 juillet par 30 degrés le plus haut gâteau du monde a dû être démonté d’urgence : la « Tour sans faim » prenait des allures de Tour de Pise et menaçait d’écroulement.
Les organisateurs restent satisfais : ils figureront « au panthéon des cultures populaires » sic, le Guinness Book of Records. Un huissier du célèbre guide ayant enregistré à temps la performance prochainement homologuée. L’honneur de l’art officiel est sauf !
Sur toutes les dérives et délires du Food-art , on peut lire l’ article qui vient de paraître dans la revue écritique (cliquer)
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Mardi 6 juillet 2010
« C’est officiel, il n’y a pas d’art officiel (suite) »
Dans le meilleur des mondes de l’Art dit contemporain, il n’y a pas d’art officiel, ni d’art financier (ou si peu) et surtout pas de censure.
Pourtant, dans l’exposition universelle de Shanghaï, le pavillon Français (le plus visité dit-on), a vu une de ses manifestations fermée au public, la porte gardée par un vigile. Qu’y avait-il de si subversif ? Les œuvres des trois nominés au Prix Marcel Duchamp, dont une sculpture de Damien Roubaix : une tête grotesque engloutissant dans sa bouche des yuans, la monnaie locale. D’où l’ire des chinois ! Mais rassurez-vous, le commissaire général du pavillon français a déclaré : « l’exposition n’est pas fermée mais entrouverte afin de faciliter une meilleure gestion des flux de visiteurs ». Ouf, pour un peu, on aurait pu croire que les officiels chinois censuraient l’art financier dès lors qu’il s’officialise trop ouvertement….! (source : Le monde du 26 juin 2010, p. 24)
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Mardi 29 juin 2010
Un événement à la Maison Rouge : jusqu’au 26 septembre, Jean de Maximy (né en 1931) expose sa « Suite inexacte en homologie singulière« (1968-2005). Soit une grande partie de son dessin de 83 mètres, réalisé à l’encre de chine, au fil de quarante ans, et demeuré invisible depuis sa première exposition en 1971 au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Depuis 1968, ce virtuose du rotring à encre noire noue et dénoue sur plusieurs centaines de feuilles (50 x 60 cm) qui s’enchaînent bord à bord, un dessin linéaire réalisé sans plan préalable, sans intention narrative. Mais il est instructif de constater, in fine, que cette suite raconte bien quelque chose. Une sortie du labyrinthe, au début assez abstraite, géométrique, présentant des phases où l’on reconnaît des ambiances « seventies » avec leur côté psychédélique ou « sea, sexe and sun » ou un registre plus cosmique (certains songent à « 2001, l‘Odyssée de l‘espace », il est vrai que Maximy revendique certains procédés cinématographiques, gros plan, champs, contre-champs…travelling). Les forment évoluent, se métamorphosent sans cesse, comme une sorte de musique visuelle et cinétique que le spectateur enclenche par sa déambulation. L’ensemble aboutit à un retour au paysage, à la nature…
Cas unique, œuvre hors-norme, cette chenille optique mérite qu’on lui bâtisse un cocon approprié pour qu’elle puisse être exposée dans son entier. Elle prouve l’ambition mais aussi la constance et la cohérence d’un artiste singulier, hors marché…
Autour de l’anneau de Saturne de Maximy, on ne manquera pas de visiter l’époustouflante collection d’Antoine de Galbert qui nous offre une fête pour les yeux et un voyage dans l’étrange, avec 300 coiffes ethnologiques recueillies autour du monde.
Évidemment toute exposition doit payer tribut à l’artistiquement correct et exposer de l’AC avec l’œuvre répulsive de service, celle d’un « sculpteur de l’informe » qui déclare : « travailler avec des matériaux abjects est une chose très complexe ». Certes, ce n’est pas forcément très intéressant non plus ; on peut lui préférer le patio aménagé par Christophe Gonnet….
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Mardi 22 juin 2010
Le dernier numéro de la revue Ecritique est paru. Cliquez pour obtenir le sommaire du numéro 10.Vous y trouverez toute une reflexion sur « la cuisine de l’art contemporain » (puisque le « Food art » est si tendance )
et un texte sur « Des fleurs, des artistes, des indiens… »élaboré pour accompagner l’opération « Frontière de vie » : des artistes parisiens font écho au chemin de fleurs des indiens sud américains.
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Mardi 15 juin 2010
Ce mardi soir :Cycle 2010 « Réflexion sur la crise de l’environnement » Musée du Montparnasse/Espace Krajcberg
Dans le cadre du programme « Art et Biodiversité »
Jean Digne, Président du Musée du Montparnasse, en collaboration avec Chantal Delacotte
vous convient à un atelier sur le thème
« La crise de l’art contemporain, une crise « écologique » de notre vision du monde ? »
Le Mardi 15 juin 2010 à 19h30
Espace Krajcberg
21, avenue du Maine – Paris 15ème – Entrée libre
Nous vivons une crise globale de la perte du sens, de la réification, de l’instrumentalisation. Tous les domaines y participent, la gestion de la nature comme celle de l’art. L’« Art Contemporain » – celui du marché et de la spéculation – quand il se veut exclusif de l’art, occulte la richesse foisonnante de la création actuelle. Ne devrait-on pas, au contraire, considérer l’art comme une aide à l’élaboration d’une nouvelle relation au monde, à sa diversité, à sa biodiversité, et à la construction d’une écologie intérieure ?
Intervenants : Laurent Danchin, critique d’art ; Christine Sourgins, historienne d’art ; Anna Jeretic, plasticienne
Une fête sous les arbres de l’allée clôturera notre soirée, la dernière du cycle 2010
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Mardi 8 juin 2010
La revue (Art absolument), dans son numéro de mai-juin, a réalisé un sondage : quels sont les artistes préférés des artistes ? Deux catégories, celles des artistes vivants et celle des artistes du passés les plus cités. Les expositions récentes ont certainement contribué à propulser certains en tête de classement : la prestation de Soulages à Beaubourg n’est pas étrangère à sa première place. Louise Bourgeois arrivée seconde des contemporains…vient de glisser dans les gloires passés. Le plus étonnant reste la place du Pape de l’art contemporain, Marcel Duchamp, ce pionnier incontournable si on en croit les experts…n’est pas dans le peloton de tête…mais dans les profondeurs du classement !
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Mardi 1er juin 2010
Trois invitations : les amateurs de jardins pourront rencontrer Catherine de Mitry qui présentera son livre et son « Jardin du Oui » , le 4 juin de 17h à 19h, à la librairie des Tuileries. Les amoureux de l’Art brut se précipiteront à Cheverny où 99 œuvres de la succession CHOMO seront offertes aux enchères publiques, le lundi 7 juin 2010, avec l’expertise de L. Danchin. Ceux qui seront restés à Paris pourront découvrir l’exposition que M.A. Albert consacre à l’artiste et critique russe « Volochine dans le Paris de la Belle époque », Marie du 6ème arrondissement, vernissage le 7 juin à 19h.
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Mardi 25 mai 2010
A propos du récent casse au musée d’art moderne, un petit article :
« Comment jouer aux gens d’art et aux voleurs »… (cliquez)
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Mardi 18 mai 2010
A suivre demain, mercredi 19 mai, 19h-21h, une conférence avec projections d’ Aude de Kerros, peintre, graveur, essayiste : « L’art sacré en France 1945-2010 »
Auditorium de l’Espace Georges-Bernanos, Paroisse catholique Saint-Louis d’Antin, 4, rue du Havre
– Paris Ixe. Entrée libre.
« En 1955, la « querelle de l’art sacré » suscitée par la revue l’Art sacré et les thèses du père dominicain Marie-Alain Couturier, se solde par la victoire de la théorie de « l’enfouissement ». Un vide se fait sentir. Il sera progressivement rempli par l’État. À partir de 1975, une rupture radicale se produit. Le choix des artistes bénéficiant de commandes publiques d’art sacré répond à des critères nouveaux. Le grand patrimoine religieux se transforme. Commence alors une métamorphose : le sacré est transféré sur les œuvres d’art contemporain elles-mêmes (« l’AC »), et sur les artistes…. »
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Mardi 11 mai 2010
Les Bernardins viennent d’inaugurer une nouvelle exposition : « La pesanteur et la grâce ». Il s‘agit d‘abstraction spiritualisante et non spiritualiste (sic).
Une première analyse en ligne sur le site de Décryptage :
http://www.libertepolitique.com/culture-et-societe/6025-labstraction-l-spiritualisante-r-au-college-des-bernardins
C’est un résumé de la chronique radio (95.6 FM) qui a eu lieu au « Libre journal d’Aude de Kerros » le 29 avril : l’ invité était Jean Clair. Visiblement le commissaire de « Crimes et châtiments » était bien dubitatif sur « La pesanteur et la grâce », lui aussi …! A paraître, à la rentrée, une analyse plus complète dans la revue Liberté Politique.
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Mardi 4 mai 2010
Pour une fois qu’une démarche poétique état vraiment contemporaine, populaire (puisqu’ inventée par quelque Roméo et Juliette anonymes), internationale (le phénomène est attesté à Bruxelles, Kiev, Vilnius, Florence… et même en Chine !), gratuite (aucune spéculation en vue), voilà que les autorités officielles (la Mairie de Paris) décide d’y mettre un terme : les « cadenas d’amour » seront décrochés ( les amoureux les accrochent aux grilles du Pont des Arts (!) avant d’en jeter la clef dans la Seine) ; cet Art contemporain là est condamné ! Ce serait une menace pour « la préservation du patrimoine » sic. Ceci montre à quel point l’establisment est fallacieux quand il serine, via l’art officiel, « l’Art c’est la vie » ! Quand la vie se mêle d’art, on y met bon ordre…
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Mardi 27 avril 2010
On en a moins parlé que le film mais le catalogue raisonné de Séraphine est paru en 2009 chez Benteli. Oeuvre de Hans Korner et Manja Wilkens, on y découvre de nombreux tableaux méconnus de la « Sans rivale » ; la plupart sont reproduits en couleurs, mais pas celui que je considère comme son chef-d’œuvre (le bosquet de 1932 avec les cœurs de Jeannette) conservé dans une collection privée. Le texte, en français et en allemand, donne une synthèse de sa vie et de son œuvre. Avec en prime, les petits dessins d’un voisin de Séraphine qui croquait sa silhouette bonhomme. Retournement de l’histoire, Séraphine, qui souffrit tant de la guerre de 14-18, voit un ouvrage majeur consacré à sa peinture grâce à deux auteurs allemands…
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Mardi 20 avril 2010
Un tout petit livre vient de paraître auxéditions de la nuit (cliquez) :
LES ARTS INCOHÉRENTS suivi de COMPLÉMENTS
(quelques remarques sur l’art contemporain).
Son auteur, Sophie Herszkowicz, est de ceux que l’AC ennuie, d’autant qu’ il ment sur ses principes. Pour le démontrer, elle propose de revenir aux sources cachées de l’art officiel : celles des arts incohérents nés à la fin du XIXème. Quand Toulouse-Lautrec ou Caran d’Ache s’amusaient, ils marquaient une pause sans prétention dans leur œuvre d‘artiste. Aujourd‘hui, les provocateurs et maîtres es dérision estiment qu‘ils peuvent se dispenser de faire œuvre puisque leurs grimaces en tiennent lieu…
Puisse ce petit livre, à petit prix, être un de ces grains de sable enrayant la mécanique infernale du l’art officiel.
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Mardi 12 avril 2010
En cette période pascale, le musée Marcel Dessal (cliquez) de Dreux ouvre une exposition : « L’art et l’oeuf ». A l’heure où beaucoup de nos contemporains considèrent l’art comme une poule aux œufs d’or…tout, ou presque, sur l’art d’accommoder cette forme simplissime au symbolisme puissant, depuis l’ivoire des brodeuses du XVIIIème jusqu’aux ovoïdes en marbre ou merisier de Mircea Milcovitch… (et ce jusqu’au 3 octobre).
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Mardi 6 avril 2010
« L‘attraction spectaculaire» pour les visiteurs du parc olympique des JO d’été à Londres en 2012 est signée Anish Kapoor . Cette spirale noueuse, gigantesque, de 115 mètres de haut, restera in situ, témoin des JO bien après leur clôture. Ne croyez pas qu’elle soit à la gloire du sport ou des contorsionnistes, son audacieuse allure est censée démontrer « l’extrême polyvalence de l’acier ». Par conséquent elle portera le nom d’AcelorMittal Orbit. Le géant de l’acier étant le sponsor des JO et de cette emblême que les Londoniens ont déjà surnommé la «tour Eiffel ivre» ou la «grue déglinguée».
Le sport avait connu pareille évolution quand les bateaux de course, au lieu de « Pen duick » ou Manureva, furent alors dénommés du nom du sponsor : Fleury Michon doublait Butagaz en arrivant au port. La poésie y perdit mais pas le sens de l’absurde. Ici la clarté y gagne : ce grand-huit déjanté, dit assez le cirque qu’est devenu l’Art dit contemporain, son nom révèle le gadget publicitaire….
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Mardi 30 mars 2010
Une invitation à des Conférences d’histoire de l’art sur « Dieu fait homme » à partir du lundi 10 mai 2010 à 19h, par François Bœspflug, (université de Strasbourg) à qui a été confié la Chaire du Louvre. En parallèle, il publiera « Le Dieu des peintres et les sculpteurs » chez Hazan. Il y démontre que les images de Dieu ont été à la fois le reflet et l’outil d’une véritable pensée esthétique, qui, sans contredire formellement celle des philosophes ou théologiens, s’en distingue cependant sur plus d’un point…
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Mardi 23 mars 2010
A découvrir : Charley Toorop, première rétrospective en France de ce peintre qui pousse le réalisme jusqu’à l’étrangeté. Plus que la présentation de Beaubourg, l’exposition du Musée d’art moderne de Paris montre un beau parcours de femme qui ne renonça jamais ni à son art ni à sa féminité, assuma maternité et conviction politique (y compris face aux nazis), cultivant l’amitié et l’ouverture aux courants artistiques de son temps.
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Mardi 16 mars 2010
Une invitation à suivre un séminaire au Centre Sèvres où je donnerai une conférence, le samedi 27 mars de 10h30 à 12h 30, sur le thème : « A quoi sert l’Art contemporain dans les églises ? » : plus d’infos cliquez
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Mardi 9 mars 2010
Une fois n’est pas coutume. Au Louvre, l’artiste contemporain François Morellet redessine baies et oculi de l’escalier Lefuel (cliquez): une intervention discrète qui s’intègre, sans désintégrer, dans une architecture ancienne…
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Mardi 2 mars 2010
Monumenta est finie…l’analyse de l’exposition « incontournable » de Boltanski au Grand Palais, en cliquant sur le lien : blog de la revue Catholica.
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Mardi 23 février 2010
Ce mardi, le grain de sel est ..un film qui tranche sur la production ambiante : « La Religieuse portugaise ». L’histoire d’une comédienne un peu paumée, venue à Lisbonne interpréter le rôle titre d’après un roman du XVIIème ; elle part à la découverte de Lisbonne, traverse le Fado et, de rencontres en rencontres, finit par se trouver en face de son double : une vraie religieuse portugaise d’aujourd’hui. Et la vie bascule…
Film contemplatif, la caméra de Green est comme » épiphanique » : elle montre l’invisible à travers le visible , s’attache par exemple au grain de peau des personnages, des murs : rarement le cinéma aura montré l‘âme à ce point : celle des personnages, celle d‘une ville, celle, sonore, d‘un peuple. Et, plus rare encore : l’âme chrétienne. Outre la qualité des images et la justesse des acteurs, une certaine qualité de diction cisèle des dialogues soignés… Eugène Green (cinéaste qualifié « d’atypique » ) démontre que la beauté, tant décriée, est un chemin de profondeur spirituelle… Le cinéma a encore le droit de le dire…la peinture plus beaucoup !
A découvrir d’urgence…avant que le film disparaisse des salles !
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Mardi 16 février 2010
En 2007, Damien Hirst vendait For the Love of God, crâne en platine incrusté de 8601 diamants à un groupe d’investisseurs…où figurait Hirst lui même : pour préserver sa propre cote, on est jamais si bien servi que par soi-même et les copains (faits relatés par Ben Lewis dans son documentaire L’art s’explose, diffusé sur Arte) !
L’exposition sur les Vanités, actuellement au musée Maillol, devait présenter cette pièce emblématique.
Patatras, ce fleuron du Financial Art voit ses diamants changés en…mouches ! Hirst « n’a pas réussi à vendre son œuvre estimée à 100 millions d’euros et a du démonter les diamants qui incrustaient le crâne pour les revendre ». Par temps de crise, les copains financiers se raréfient, restent les copains historiens d’art pour déclarer : « Hirst dénonce aussi les acheteurs d’art capables de dépenser des millions pour ces vanités. Le crâne recouvert de diamants était une plaisanterie, une mise en scène pour démontrer l’absurde de la spéculation autour de l’art » (in 20 minutes du 4/2/10, journal…gratuit !)
L’Art contemporain officiel, un art de crâneurs ?
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Mardi 9 février 2010
Le musée d’Art moderne de la Ville de Paris expose actuellement l’artiste « radicale » Elaine Sturtevant, on nous la présente comme « méconnue du grand public mais célébrée par les artistes » (lesquels ? Ceux qu‘elle duplique allègrement ?). Le titre de la manifestation, en anglais, sonne tout de suite plus contemporain (ou plus branchouille ) : « The Razzle Dazzle of Thinking ». Le clou de l’expo, une installation, mélange train fantôme et performance : House of Horrors. Dans un temple de l’AC, une grande prêtresse du genre appelle donc son expo « La pensée tape-à-l’oeil » avec, en apogée, « la Maison des horreurs » : aveu ? Cynisme ? Inconscience ? Les trois, mon Capitaine !
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Mardi 2 février 2010
Intermède patagon. En 2010 nous fêtons les 150 ans de l’épopée d’Antoine de Tounens : le rêve fou d’un occidental fut, un instant, partagé par des indiens du bout du monde avant de se heurter « à la réalité du pouvoir industriel et colonisateur »(M. Venard). Or, le royaume rêvé de Tounens a fini par exister, grâce à la littérature et aux bons offices d’un Consul général : sa Majesté compte 3000 sujets patagons de par le monde ! (Que ceux qui ne comprennent pas très bien cliquent ici !) Le royaume de Tounens pourrait bien être une parabole de l’Art auquel nous aspirons. N’est-il pas écrasé par une époque qui, pour parodier une phrase célèbre, « n’a pas besoin de cette hypothèse » ?
Le « jeu du roi » va continuer… le Consul Général est consulté : il se pourrait que peintres et sculpteurs entrent dans le jeu…affaire à suivre !
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Mardi 26 janvier 2010
Monumenta, l’exposition qui, aurait dit Prévert, « ment monumentalement » est de retour ! Boltanski crée « Personnes », une sorte de cimetière de vêtements où le tissu est métaphore de la dépouille humaine. Selon l’artiste (Le Monde du 10 et 11 janv. p.22) cette impressionnante scénographie entre en résonance avec les camps d’extermination, thème récurrent chez lui, mais s’y ajoute aussi une comparaison avec… les mosquées « leurs coupoles sont très hautes, mais le sol est couvert de tapis et les lustres suspendus très bas » : l’art conceptuel est friand d’amalgame, on le voit. Dans un entretien sur le site officiel de Monumenta, le « plasticien de la mémoire », affirme qu’après avoir travaillé sur des photos, des noms, toutes choses qui gardent trace de vie, il préfère maintenant collectionner des battements de cœur car ceux-ci « ne redonnent pas vie mais signalent encore plus leur disparition ». L’artiste censé se pencher avec compassion sur les disparus, finit par vendre la mèche : ce qui l’intéresse dans la disparition de l’autre, n’est pas l’autre, mais la disparition même. Bref une exposition réservée aux « Thanatonautes »…
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Mardi 19 janvier 2010
Saviez-vous que Camus se rêvait sculpteur plutôt qu’écrivain ? Que son personnage de l’Etranger lui fut inspiré par un peintre, Sauveur Galliéro ? Saviez-vous encore que Camus fut le metteur en scène d’une pièce de Picasso ?
En cette année où l’on célèbre le cinquantenaire de la mort de Camus, il convenait de se pencher sur ses relations avec l’art et les artistes. Elisabteh Cazenave publie : « Albert Camus et le monde de l’Art » aux éditions Atelier Fol’fer – association Les Abd-el-tif. (cliquez).
Le futur Prix Nobel a toujours vécu dans une communauté d’artistes (certains composant ce qu’on a parfois appelé l’Ecole d’Alger), et, puisque chez l‘auteur de La Peste, « la littérature communie entièrement avec l’image, une complicité intellectuelle lie l’écrivain et les peintres » , d’où des collaborations comme celle de Balthus, auteur des décors et costumes de sa pièce « L’Etat de siège »…
Elisabeth Cazenave consacre donc un livre, abondamment illustré, à l’univers artistique de Camus. Elle y analyse l’approche camusienne de l’art : sa culture grecque, méditerranéenne, y est déterminante. Entre soleil et fraternité, celle-ci promeut le goût de la nature et de la mesure qui protège l’écrivain, et ses amis artistes, des théories gratuites et stériles. Camus, sensible à l’Absurde, ne voulait pas d’un art nihiliste : « l’art n’est ni le refus total ni le consentement total à ce qui est…L’artiste se trouve toujours dans cette ambiguïté, incapable de nier le réel et, cependant éternellement voué à le contester dans ce qu’il a d’éternellement inachevé ».
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Mardi 12 janvier 2010
Un grand projet pour les 50 ans du ministère de la culture !
Brader l’Hôtel de la Marine, l’un des plus beaux de Paris, place de la Concorde….
disperser les boiseries, les ameublements d‘époque,
dans des ventes aux enchères très people,
(puisqu’il est un des rares hôtels conservant décors et mobilier d’origine, pourquoi se gêner ?) !!!
Si vous ne voulez pas de ce scénario catastrophe, vous pouvez signer la pétition mise en ligne
par les amis de l’Hôtel de la Marine…(cliquez)
L’Etat culturel réussira-t-il ce que guerres et révolutions n’ont pas osé faire ?
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Mardi 5 janvier 2010
Nouvelle année, nouvel article. Il est publié dans le dernier numéro de Commentaire et consacré à la redécouverte d’un film oublié. Saviez-vous que le maître du néo-réalisme avait consacré sa dernière oeuvre à l’ouverture de Beaubourg ? En 1977, la caméra de Rossellini enregistre la fracture avec le grand public, l’exclusion des artistes, la désacralisation de l’art et la sacralisation de l’instrument de monstration…Ce long métrage pourrait s’appeler « Art contemporain, année zéro », soit l’émergence d’un nouvel ordre muséal qui s’est voulu idéal et donc… incritiquable. Comment s’étonner que ce film ait été « oublié « ? Si Beaubourg est un des totem du monde contemporain, l’ultime œuvre de Rossellini en est son tabou. Jusqu’à quand ?