Mardi 29 décembre 2009
Pour rester dans le mystère de Noël….
Steen Heidemann est parti en quête de l’image du prêtre à travers l’art occidental. Il a donc réuni une iconographie riche et variée, mis à contribution divers spécialistes et vient de publier :
« Le prêtre, image du Christ, à travers quinze siècles d’art »
Édition : L’œuvre.
Il a bien voulu m’interroger sur le destin de cette image si particulière. On trouvera ici publié une méditation qui part du monde biblique et finit par les incarnations du prêtre… au cinéma. Sollicitant au passage des artistes comme Marcel Duchamp, des historiens ou esthètes (tel F. Cheng pour qui « l’art occidental est parmi tous les arts du monde celui qui a le plus dévisagé le visage »), j’essaie de réfléchir sur l’expression chrétienne du sacré, en quoi l’image (choix de l’Eglise de Rome) est-elle différente de l’Icône, choix de l’Eglise d’Orient…etc. Tout en éludant pas la crise actuelle de l’Art.
Bref, un beau livre qui se voudrait aussi un ouvrage de référence.
Mardi 22 décembre 2009
Une idée pour un Père Noël « dissident »…
« Splendeurs et misères de l’Hôtel de Thunes, décors de la vie parisienne de Louis XIV à nos jours » vient de paraître aux éditions JC. Lattès.
Ou…les métamorphoses d’une demeure parisienne, l’Hôtel de Thunes, imaginée par Alexandre Pradère, historien du mobilier et du décor intérieur avec la complicité du dessinateur Laurent de Commines. Cette satire des modes, de Louis XIV à Jeff Koons, passe en revue l’histoire illustrée des styles et des décors, à travers les vicissitudes de l’opulente famille des Bourret de Thunes. Le destin final de l’hôtel montre ce qu’il en coûte au patrimoine de « rester au goût du jour », quand la mode est au diapason de l’Art officiel, lui-même aux ordres de l’affairisme…
Erudit et malicieux.
Mardi 15 décembre 2009
Cette semaine le grain de sel est… dans le N°9 de la petite revue écritique, petite en format, mais grande en dissidence ! L’article sur « La saga du vide à Beaubourg » explore un genre propre à l’AC qui n’a souvent pas grand-chose à dire… mais le dit très bien ! La conclusion rappelle qu’Albert Camus avait salué le phénomène à sa naissance…en écrivant à propos de l’exposition d’Y. Klein, ce commentaire : « Avec le vide, les pleins pouvoirs »…..
Mardi 8 décembre 2009
En plein débat sur l’identité nationale, le ministère de la Culture apporte sa contribution : désormais, il n’est plus nécessaire que l’Etat définisse une liste de monuments emblématiques de la mémoire nationale et donc appelés à rester dans son giron. L’article 52 du projet de loi de finances adopté fin novembre au Sénat fait bondir…même M. Aillagon : cet article « ouvre les vannes. Ce sont non seulement les monuments qui sont concernés mais également les objets donc les musées », dit l’ancien ministre de la Culture qui officie maintenant à Versailles. Il « s’interroge sur la constitutionnalité » de la manoeuvre. Mais que fait donc Frédéric ? Heureusement que le vase de Soissons est cassé, sinon l’inculture qui nous gouverne finirait par le vendre !
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Mardi 1er décembre 2009
Cette semaine, à l’espace Krajcberg animé par Chantal Delacotte, une cinquantaine d’artistes et d’intellectuels ont accueilli deux représentants du peuple Kichwa de Sarayaku d’Amazonie équatorienne. Krajcberg, qui unit depuis longtemps préoccupations esthétiques et écologiques, était présent. Ces amérindiens, persécutés par la déforestation, ont décidé de résister aux compagnies pétrolières cernant leur territoire par une démarche proche du Land art. Ils ont entrepris de planter des arbres à la floraison colorée sur 300 km autour de leur village afin d’ériger un chemin de fleurs, une « frontière de vie », visible d’avion et capable de susciter la solidarité planétaire. Pour accompagner ce beau projet, bientôt un texte sur « Des fleurs, des artistes et des indiens »… ou comment lier la préservation de la diversité naturelle et celle de la pluralité artistique…
Pour plus de renseignements sur les Sarayaku www.sarayaku.com ou www.frontieredevie.org (site en français) et sur l’association Paroles de Nature proche des Sarayaku www.parolesdenature.org
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Les artistes se prennent en main : le salon d’Automne, à l’espace Champerret, avec le soutien d’Artension, a organisé des débats sur le marché de l’art, la notion de « contemporain » ou les nouvelles formes de vie associative pour les artistes. Le tout couronné par la pièce de théâtre de J. Mougenot sur la célèbre affaire Dussaert… La vie culturelle revient dans un salon…ou dans une galerie quand Georges Brunon nous expose, outre ses oeuvres, ses méditations sur « le crayon et l’ordinateur » (Galerie Lee, 9 rue Visconti, peintures visibles jusqu’au 28 nov). Autre intervention de George Brunon, le 29 novembre de 14h30 à 15h30 au 3ème salon des éditeurs indépendants du Quartier Latin, Mairie du 6ème. Ce peintre, par ailleurs spécialiste d’Aïkido, est aussi écrivain…toute sa sagesse se concentre dans son dernier livre « Le dit du cerisier » ed. Zurfluh…
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Mardi 17 novembre 2009
Art en capital réunit au Grand Palais cinq salons historiques (Artistes Français, Indépendants, Comparaisons, Dessin et Peinture à l’eau, Société Nationale des Beaux-Arts ) soit 2300 artistes qui payent 280€ pour présenter une oeuvre et figurer au catalogue de leur salon. Jusqu’en 2009 cette manifestation durait 10 jours dont 2 week-ends (essentiels pour les visiteurs), elle ne dure plus que 6 jours (pendant les vacances de Toussaint !) pour le même prix… Mais ce traitement de défaveur ne suffisait pas : cette année le salon a fermé bien avant terme, officiellement pour préparer les célébrations de la chute du Mur de Berlin. Bon nombre de régionaux n’ont pas été informés de cette fermeture précipitée, d’où embrouilles avec les transporteurs et frais supplémentaires…Cela vous révolte ? Rassurerez-vous, pour Monumenta, il n’y aura aucun problème : un chouchou du ministère aura droit au Grand Palais pour lui tout seul, pendant quasiment trois mois, il est possible qu’on le rémunère pour cela. Vive la démocratie culturelle ! Tant que le Mur de l’Art contemporain ne tombera pas : d’un côté les apparatchiks de l’art officiel, de l’autre les bouche-trous, corvéables et humiliables à souhaits. La Force de l’Art (contemporain) vient aussi de la faiblesse de ceux qu’il combat : les salons ont ici une belle occasion de taire leur rivalité en demandant justice ensemble…l’union fait la force.
Mardi 10 novembre 2009
Le 5 novembre, à l’Université Paris X (Nanterre), Murielle Viard a soutenu une thèse sur « Contemplation et expérience esthétique ». Dix ans de travail qui brisent un tabou, celui de l’œil qui écoute (comme dirait Claudel), de la main pensante, de la légitimité du métier artistique…le tout couronné par les félicitations du jury ! Le soir de cette grande victoire, vernissage de l’un des rares fondateurs d’une école de peinture à la fin du XXème siècle, l’école d’Etampes. Philippe Lejeune a beaucoup contemplé, enseigné…sa leçon de peinture est visible place des Vosges, Galerie Mouvance, jusqu’au 30 novembre….
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Mardi 3 Novembre 2009
Kostas Mavrakis vient de sortir un livre avec un chapitre sur « le non-art ou la nouvelle trahison des clercs ». Badiou n’est pas le seul clerc à faire les frais de la sagacité de Mavrakis. Page 81, on lit cette remarque : « Certains prétendent (Rancière par exemple) qu’on ne saurait définir l’art. S’ils avaient raison, ne devraient-ils pas se taire sur cette matière ? » . Or ceux là… sont les premiers à jeter la suspicion sur la peinture ou la sculpture … Mais ils vous diront que s’ils ignorent ce qu’est l’art, ils savent très bien ce qu’il n’est pas… Pour la définition proposée par Mavrakis, voir « De quoi Badiou est-il le nom ? » paru chez l’Harmattan…
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Mardi 27 octobre 2009
Pour saluer la FIAC, un article inédit….
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Mardi 20 octobre 2009
Comment l’Art financier va-t-il redorer son blason lors de la FIAC (et ses succursales comme Slick) ? Réponse dans le titre des conférences du 23 octobre, au 104 rue d’Aubervilliers : « L’art contemporain au service du développement durable…etc » Autrement dit, le Grand marché de l’art serait un marché équitable ! Autre titre : « Art et reyclage = dépasser les contradictions » , l’Art financier entend ainsi échapper à la taxe carbonne ? Très intéressantes aussi les conférences sur la « transmission de l’art », n’imaginez pas qu’il s’agisse là d’enseignement artistique. Ici la transmission se fait par « la norme juridique » ou « dans le monde de l’entreprise » ou mieux « dans le temps et changement de propriétaire » ! L’AC est en fait une ingénierie sociale qui ne dit pas son nom.
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Mardi 13 octobre 2009
Le carrosse de Xavier Veilhan caracole à Versailles. Que voit-on ? Un attelage immobile simulant le galop, violet, couleur de la meurtrissure ou de la putréfaction, ça se dessèche, c’est tout froissé déjà : n’est-ce pas un fabuleux portrait de l’Art officiel ?
Et un aveu : le carrosse de l’AC est en train de redevenir citrouille !!!
Attention, la métamorphose (inéluctable) prendra du temps…plus d’info : Artension N°97 sep/oct 09 p 76 à 78
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Mardi 6 octobre 2009
De la concurrence……des mécénats : l’an passé à Versailles, Koons tirait à lui la couverture médiatique. Les montres Breguet, mécène de la restauration du Petit Trianon, n’ont pas eu des retombées médiatiques proportionnelles à leur investissement (plus conséquent que l’expo strass et paillettes voisine).
Cette année, Veilhan fait moins jaser que Koons, mais il vole la vedette à la restauration de l’Opéra de Versailles. A trop mettre en concurrence l’AC et le patrimoine, l’Etat aura du mal à trouver un mécène pour refaire les gouttières ou la plomberie : pas assez glamour !
Arrive samedi et la Nuit Blanche où le « culturel » concurrence le cultuel. Les églises entrées dans la danse, c’est la présence de la Mosquée qui retient l‘attention. Mais quand le paroissien a rempli son devoir de noctambule « artistiquement correct », qu’il est rentré se coucher à 5h du mat…comment peut-il être présent à la messe de 11h du dimanche ? Plus sérieusement : pourquoi Dieu devrait-il faire monter la cote de l’Art financier ? Plus d’info : cliquez ici
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mardi 29 septembre 2009
La Ville de Yerres (avec L. Harambourg ) a eut la bonne idée de lancer une biennale de sculpture. Pour sa seconde édition, C. Abeille présente « La coquette », jouant avec l’encolure de son vêtement comme si elle risquait sa tête dans ses choix vestimentaires ; la sculpture forestière de B. Terziev préfère se draper d’ une robe d’humus. C. Lee étire les biceps de l’acier tandis que B. Mélois aligne un cycliste déjanté sorti des « Triplettes de Belleville ». Y. Theimer a retrouvé la jeunesse de l’antique et J. Anguera le Fauteuil de Freud, feuillleté comme une bibliothèque…déjà Deverne referme sa porte rigoureusement dorée…Bref, ils sont 73 qui présentent la sculpture dans tous ses états : figurative, abstraite, minimaliste, onirique, drôlatique, expressionniste… Le tout dans le beau parc de la propriété Caillebotte ; l’entrée est libre ; à 10 mn du RER….Pourquoi se priver ?
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mardi 22 septembre 2009
En 1958, Albert Camus était présent au vernissage de l’exposition du vide organisée par Yves Klein. Il laissa ce commentaire, fort perspicace, sur l’avenir d’un certain art contemporain :
« Avec le vide, les pleins pouvoirs »…
extrait d’un article sur « La saga du vide à Beaubourg », à paraître dans le prochain numéro de la revue éCRItique
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mardi 15 septembre 2009
Une conférence me conduit cette semaine, près de Poitiers, à l’Espace d’art intemporain à Château Couvert (86 130 Jaunay Clan) : un château Renaissance devenu un écrin pour la peinture abstraite… un centre d’exposition où l’art vivant est « intemporain »…(cliquez sur le lien pour en savoir plus).
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mardi 21 juillet 2009
Une pensée de mon cher Jean (Cocteau), tirée de son journal du 24 août 1957 :
« Rien de moins simple que la révolution qui consiste à détruire des dogmes d’avant-garde devenus conformistes pour recréer un ordre dont le vif et le calme s’opposent aux bizarreries à la mode. L’ange du bizarre règne. Il faut l’abattre. C’est une lutte qui exige de l’invisibilité…. »Jean Cocteau, « Le passé défini », Gallimard, tome V, p. 675, 676.
Donc, les dissidents de l’AC ont toutes leurs chances !
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mardi 14 juillet 2009
La Présidence de la République joue la transparence et dévoile son budget. La cour des comptes se félicite, c’est une première, paraît-il !
Mais alors, les Frac, Drac, Fnac et autres centres d’Art contemporain vont se sentir obligés de dire publiquement, qui paye quoi, à qui, et combien… Une révolution ! Depuis le début des années 90, l’opacité (pour ne pas dire les ténèbres) règne(nt) en ce domaine… On va enfin savoir ce que ces institutions achètent avec l’argent du contribuable ! C’est la démocratie qui va être contente !
Las, il se pourrait que les fonctionnaires de la Culture se sentent bien au dessus d’un simple président de la République. Car enfin, depuis des lustres, Jack, Renaud, Jean-Jacques et Christine passent, mais eux, les fonctionnaires, restent … Et le « Financial-art » avance… C.S.