Jusqu’au 5 septembre le Centre Pompidou Metz propose l’exposition « Sublime » aux amateurs de volcans, tempêtes et séismes en tous genres. Pour les œuvres anciennes, trois dessins de Léonard de Vinci sur le Déluge, une grande toile orageuse de Turner ou encore une encre de Victor Hugo méritent le déplacement. Mais les artistes contemporains ne sont pas oubliés avec leurs photos, vidéos, installations, performances. Certains « gestes artistiques » s’avèrent d’un intérêt écologique douteux comme lorsqu’en 1969, le land artist Robert Smithson fit déverser par un camion une coulée d’asphalte dans la campagne romaine, histoire de bien salir le paysage. La fin de l’exposition tourne à l’inventaire des destructions, pollutions, terreurs diverses engendrées par la surexploitation de la planète. En regard, sont présentées des œuvres qui ont tenté d’avertir, de dénoncer, sans beaucoup convaincre, comme Beuys se jetant en 1971 dans un étang pour dénoncer l’assèchement d’un marais requis par l’agriculture intensive.
Le sous-titre de l’expo « Les tremblements du monde » devrait donc plutôt, comme le remarque judicieusement Philippe Dagen (1), être « Les dérèglements du monde ». A condition d’y inclure le dérèglement du monde artistique français. Car, pour la partie contemporaine , « la peinture a été exclue de la démonstration » ! Pourtant c’est bien un peintre tel que Jürg Kreienbühl (1932-1998) qui, dès les années 1950, bien avant les performers des années 70, a peint les plus anciens paysages de décharges ou de raffineries recoupant parfaitement la thématique de l’expo. Jürg Kreienbühl a donc été oublié alors qu’il vient d’avoir les honneurs de la Fiac 2015, mais Le Monde, qui a jugé que ses toiles comptaient parmi les plus fortes de la foire, s’est bien gardé de rappeler que le peintre avait déjà participé à la FIAC 84, quand la Galerie Blondel lui avait consacré un stand complet, avec ses plus beaux tableaux de la série du « Museum ». Peu d’ écho médiatique à l’époque : » Ah les cons ! », fut le commentaire du peintre aux dires de son galièriste d’alors… La bêtise anti-peinture est-elle sublime, forcément sublime ? (Pour plus d’info sur une autre éviction de la Peinture cliquez )
Afin d’épingler en 7 minutes (car sur le net il faut aller vite, forcément vite) les travers de l’Art dit contemporain, de petites vidéos commencent à circuler comme celle de Morgan ZAHND cliquez (Petit chipotage d’historien : Fountain de 1917 est le ready-made emblématique…mais pas le premier, qui est la roue de bicyclette de 1913. Mais celui-ci ne porte pas encore ce nom (pour certains puristes, cette roue et son tabouret ne sont qu’un assemblage), la primauté reviendrait donc au porte bouteille de 1914 ; le terme ready-made ne sera trouvé par Duchamp, alors présent aux USA, qu’en 1916…).
Christine Sourgins
(1) Le Monde du 25 février 2016, p. 16.